Qu’ils se nomment Champagne, Crémant, Clairette ou Blanquette… les vins pétillants véhiculent une image de fête et de célébration sans pareille. Pourquoi ? Peut-être parce que l’élaboration d’un vin pétillant fût pendant longtemps une entreprise hasardeuse et que ces vins étaient alors réservés à une élite.
Au cours du 19ème siècle, les progrès réalisés dans la compréhension des phénomènes chimiques qui se déroulent durant la fermentation alcoolique, l’industrialisation de la production de la bouteille en verre et la ténacité des vignerons ont permis de maîtriser la technique utilisée de nos jours pour faire pétiller le vin : la seconde fermentation en bouteille.
Mystères et bonnes bouteilles, le jeu de dégustation de vin, vous propose de suivre les étapes qui permettent l’élaboration d’un vin pétillant. Nous prenons l’exemple d’un vin dégusté récemment, une blanquette de Limoux de chez Sieur d’Arques. L’appellation, située dans le département de l’Aude, est l’un des grands terroirs pour l’élaboration de vins pétillants en France.
Au risque d’enfoncer une porte ouverte, on tient simplement à signaler que les vins pétillants et les vins tranquilles sont élaborés à partir des mêmes cépages. Les cépages blancs sont bien sûr les plus utilisés même s’il est possible d’élaborer un pétillant blanc à partir de cépages noirs ?! On l’appelle alors blanc de noirs.
Dans le cas présent, la blanquette de Limoux est élaborée à 90 % à partir d’un cépage blanc peu connu, le Mauzac. C’est ce qui fait la singularité de l’appellation. Les deux cépages complémentaires sont le Chardonnay et le Chenin. A noter que le nom de l’appellation provient justement du cépage Mauzac que l’on appelle localement « blanquette » en raison du duvet blanc qui recouvre le dessous de ses feuilles. Pour briller la prochaine fois en société !
Avant d’être un vin pétillant, notre blanquette sera d’abord un vin tranquille. En effet, après une vendange manuelle, les raisins sont rapidement pressés et le jus débute sa 1ère fermentation alcoolique dans de grandes cuves, comme la majorité des vins blancs tranquilles. La fermentation alcoolique est l’étape durant laquelle les levures vont transformer le sucre présent naturellement dans le jus en alcool. Au cours de cette transformation, des arômes et du gaz carboniques sont également produits. A l’issue de la fermentation, on clarifie le vin (on enlève les dépôts) et on le laisse reposer quelques semaines.
C’est à partir du mois de décembre qui suit les vendanges que le vigneron va réaliser la deuxième fermentation, cette fois-ci en bouteille. Pour ce faire, il faut ajouter une petite quantité de sucre et de levures dans chaque bouteille. C’est ce que l’on appelle la liqueur de tirage. Comme pour la 1ère, la deuxième fermentation transforme le sucre en alcool, tout en produisant des arômes et du gaz carbonique qui est cette fois-ci piégé dans la bouteille. C’est la prise de mousse.
Pour la petite anecdote historique, le phénomène de deuxième fermentation se produisait régulièrement dans les régions fraiches sans que cela soit recherché. Les températures froides mettaient un terme précoce à la 1ère fermentation sans que l’ensemble du sucre ait été transformé. Ce n’est que lorsque la température remontait au printemps que la fermentation reprenait. Si le vin avait été, entre temps, mis en bouteille classiquement… gare aux bouchons sauteurs ! Désormais on utilise une capsule pour éviter ce genre de désagrément (photo ci-dessous).
Pour en revenir à notre blanquette de Limoux, elle se situe encore à ce stade dans une période d’adolescence. Ça bouillonne à l’intérieur J Le vin va donc reposer pendant 15 mois sur latte afin de s’assagir. Au cours de cette période, les levures sont mortes et reposent au fond de la bouteille. C’est ce que l’on appelle les lies. Elles vont apporter des arômes au vin. Il convient toutefois d’enlever ce dépôt à la fin de l’élevage avec les opérations de remuage et de dégorgement. Autrefois pratiqué manuellement, les grands producteurs utilisent aujourd’hui des machines pour faire descendre les levures au niveau du goulot. Le goulot est alors plongé dans un bain à – 30°c qui va former un glaçon emprisonnant les levures (photo ci-dessous). La bouteille est retournée puis ouverte. Le gaz carbonique présent dans la bouteille permet d’expulser le glaçon. Le vigneron ajoute alors, s’il le souhaite une liqueur d’expédition, composée de sucre mélangée à du vin. En fonction du dosage en sucre de cette liqueur, on obtient alors un vin brut, demi-sec ou doux. Avec un dosage de 8gr / litre d’alcool, la blanquette de Limoux dégustée est un vin brut (inférieur à 12 gr de sucre par litre).
Après cette succession d’opérations et de périodes de repos, notre blanquette de Limoux est finalement solidement bouchée. Mariage, diplôme, permis, anniversaire ? Et bien non, cette blanquette a terminé sa course en Isère et fût débouchée sans occasion particulière, juste pour le plaisir d’un samedi soir entre amis !
Enfin, pour ceux qui souhaitent s’exercer en attendant la commercialisation d’un coffret 100 % bulles par Mystères et bonnes bouteilles, Sieur d’Arques propose un coffret découverte 3 bouteilles composé de 3 assemblages différents. Alors, serez-vous davantage Mauzac ou Chardonnay ?
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Il n'y a pas d'article à afficher
il n'y a pas de coffret en lien avec cet article